Ce samedi 8 novembre 2014
Charles : "Ce qui m'a plu, c'est faire le spectacle"
« C’est surtout pour dire merci à tous ceux qui m’ont soutenu…, insiste Charles Chanat. Moi, j’ai fait mon chemin. Je n’ai aucun regret. Mais je veux rassembler tous ceux qui m’ont supporté durant ma carrière… mon jumeau Jean et ma famille, mes amis, les clubs taurins qui m’ont fait confiance durant toutes ces années ». Il est comme ça Charles. A l’heure de poser définitivement le crochet, l’important pour lui c’est de faire plaisir aux autres. Et ils seront tous là, ce samedi, à Marguerittes pour faire la fête avec lui. Ceux de Bouillargues, où il a commencé, en 2002, ses potes de Ligues cuvée 2003, ceux de l’Avenir groupe qu’il intègre en 2004, à 17 ans, ceux du groupe 2 avec qui il a raseté jusqu’à sa dernière course en pointe. C’était à Aigues-Vives en septembre 2013 où son épaule l’a lâché (luxation).
Un parcours tissé par des liens d’amitié indéfectibles en fil rouge d’une carrière dont le raseteur se souvient de chaque course, de chaque taureau. « Mon jubilé à Marguerittes ? Parce que c’est là où j’ai raseté la première fois à l’Avenir (NDLR : le 21 mars 2004), la complète de La Galère avec Nénuphar. Et puis c’est chez moi ». Et dès le départ, les chroniqueurs de noter ce gaucher volontaire et culotté qui fait briller les cocardiers.« En piste, avec les taureaux, j’étais content. J’avais envie de faire plaisir aux gens des gradins, aux manadiers… Envie qu’ils se régalent ». Les clubs taurins ne s’y trompent pas et Saint-Laurent-d’Aigouze, Montfrin, Aigues-Vives, Bellegarde et tant d’autres adoptent vite ce jeune plein de spontanéité, s’offrant aux taureaux et cherchant en retour l’attention voire l’affection des spectateurs. La Cigale d’Or en 2007, Le printemps des Royales en 2008, meilleur de la finale du Gland d’Or, la Clairette d’Or, meilleur raseteur de la saison pour l’Union des CT Paul-Ricard… sont ses Trophées de référence, parmi tant de récompenses de meilleur animateur. Comme à Béziers où distingué par l’UCT Biterrois, il se trouva aux côtés de Castella (le matador) pour recevoir son prix. « Un grand moment ! »…
Casse cou, spontané, sincère, les qualités d’un raseteur qui n’a pas ménagé son physique et privilégié les liens avec ses collègues de raset et les organisateurs. Comme avec le CT de Portiragnes qui lui permit de se refaire une santé, en 2006, après une blessure. « Notre amitié est partie de là, c’est un raseteur que j’estime beaucoup, exprime Gérard Massol, un petit gentil, plein de sympathie. Il est resté proche de l’école de raseteurs de Portiragnes et de Jean-Henri (Oudjit) ».
« J’ai toujours préféré l’ambiance des pistes moyennes ou petites, mais j’ai raseté tous les taureaux, tient à préciser Charles, j’ai pris beaucoup de coups mais un seul coup de corne, à Aigues-Vives, le 26 juin 2008 par Mithra de la Vidourlenque ». Le raseteur ne s’éternise pas sur cette grosse blessure. Il préfère évoquer des anecdotes qui l’ont marqué et qui résument un peu son état d’esprit : « C’était à Saint-Laurent, je m’échauffais dans la rue, puis je me suis retrouvé tout seul, les autres étaient déjà en piste. Quand je suis entré, les gens chantaient “Chanat! Chanat! Chanat!” J’étais intimidé mais tellement content… »
« Une autre fois, je rasetai avec Mathieu Schuller qui faisait briller… Moi, j’avais raseté tous les taureaux, ça m’a énervé. Alors quand Brechu, dernier de la course, est rentré, j’ai voulu ma part de bravo, je voulais que le public se souvienne de moi. J’ai fini sur la tête du taureau, ensemble aux planches. Moi c’est ça qui m’a toujours plu… Faire le spectacle ».
Alors quand en mars 2014, il a repris l’entraînement pour préparer son jubilé en cornes nues, et que l’épaule a à nouveau lâché, il a pris sa décision. En même temps, Charlène, sa compagne, lui avait offert le plus beau des cadeaux, Gabriel, aujourd’hui âgé de 8 mois. A 28 ans, il était temps d’arrêter. « Aujourd’hui, je suis membre du CT la Bouvina de Marguerittes, je reste au contact des taureaux en pays, dans les manades et aux courses aussi ».
Mais nul doute que samedi, Charles mettra tout son cœur dans cette après-midi spectacle entouré de tous ses amis. Et pour peu que le public scande son nom, les taureaux trouveront sur leur trajectoire, ce toujours jeune raseteur intrépide et tellement attachant. «Chanat! Chanat! Chanat!»
MARTINE ALIAGA
PORTRAIT DE CHARLES : LUDOVIC NIGUES
PHOTOS DE COURSE : ARCHIVES MIDI LIBRE
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PROGRAMME SAMEDI 8 NOVEMBRE
A MARGUERITTES
A partir de 14 h, 5€, course spectacle,
avec les cavaliers de la manade Martini, la Souleïado de Margarido, les taureaux emboulés de Cuillé, Fabre-Mailhan, Vidourlenque, Grand-Salan, Saint-Pierre, La Galère, Nicollin, Martini.
Animé par les amis-raseteurs de Charles, les écoles de raseteurs de Bouillargues, Portiragnes, etc.
Apéritif après la course.
20 h, soirée salle La Friande à Marguerittes, 20€.
Réservations : tél. 06 18 59 46 68 - 06 68 26 25 40 - 06 16 79 52 12.