Vendredi 12 décembre 2014
2014, une année compliquée pour Hadrien Poujol
Saturation, fatigue... en cours de saison, le raseteur a décidé de se mettre en retrait. Pour mieux redémarrer.
Le public a tout de suite remarqué ses qualités quand il a débuté au Trophée de l’Avenir et le suit de près depuis l’an 2000, où à 18 ans, il rejoint le Trophée des As. Hadrien Poujol a multiplié depuis, année après année, les victoires et les récompenses. Pourtant mi-2014, le Vauverdois se met en stand by des pistes et s’accorde une pause. Le temps de la réflexion. Mais à 32 ans, le meilleur gaucher de sa génération n’a pas dit son dernier mot.
Berger un temps, “bistroquet” aujourd’hui, peut-être organisateur demain mais raseteur dans l’âme... toujours. Hadrien fait le point.
Pourquoi avoir arrêté de raseter en cours de saison ?
En 2012, j’ai fait une des plus belles saisons de ma carrière. Le 1er septembre avec la naissance de ma fille Anna, j’étais comblé. Mais la même semaine, je prends une rouste par Mérou, puis par Valmont. Et deux coups de corne par Ulysse de Rouquette à Saint-Rémy (20 cm dans la poitrine, 15 cm dans la fesse). En février 2013, je reprends le bar des Halles à Vauvert. D’où une surcharge de travail, une mauvaise préparation hivernale. Malgré ce, je finis 4e au Trophée des As, au terme d’une saison où mon entente avec Ratis de Raynaud a peut-être été l’arbre qui cachait la forêt (PHOTO ci-dessus). Je me prépare bien tout l’hiver mais, à la reprise, j’ai senti que ça n’allait pas. Je rasetai mal, rien ne se goupillait comme il faut. Début mai, je passe sous les pattes de Caruso de Saumade à Palavas, puis en juin, à Beauvoisin, je suis bousculé par Manolo de La Galère... A Sommières, j’ai pas fait un raset... Alors j’ai décidé de faire une pause.
Le temps de la réflexion ?
Oui. Je rasète depuis que j’ai 14 ans. L’accumulation des courses, des saisons, le surcroît de travail au bar... J’étais à saturation. Pour être bien en piste, il faut que je m’éclate. Je rasète par passion, d’abord pour moi, pour montrer qui je suis, puis bien sûr pour le public... Quand tu entends les sifflets, ça fait pas plaisir.... Alors ces quelques mois d’arrêt, ça m’a fait du bien. J’ai réfléchi. Malgré la carrière que j’ai faite, je me suis rendu compte que tout s’arrête vite, le téléphone ne sonne plus, on est vite oublié. Mais finir comme ça, sur un échec ça ne me plaisait pas.
Et comment l’envie est revenue ?
Août et septembre sans taureaux, je me suis senti bien mais fin septembre, quand les finales ont pointé le nez, je râlais de ne pas en faire partie. L’envie est revenue. Alors j’ai décidé que je rasèterai à nouveau. Je veux reprendre, me régaler. J’ai gardé intacts ma passion et mon esprit de compétiteur et si la reprise se passe bien, je vais tout tenter pour bien faire.
En même temps, vous avez décidé de répondre à la délégation de service public du Grau-du-Roi, pour la saison 2015. Pourquoi ?
Effectivement, avec Nicolas Noguera, nous avons monté un dossier pour organiser la saison 2015 aux arènes du Grau-du-Roi. On s’est dit qu’il fallait se lancer, c’est bien beau de parler, à un moment il faut s’investir et faire bouger les choses. On y croit, on a bossé. On est sur l’empreinte qu’a laissée Daniel Siméon, une façon moderne de gérer avec de la qualité, des plateaux variés, etc. Nous sommes jeunes (32 et 38 ans), pleins d’idées et nous pouvons tous les deux nous organiser au mieux pour une présence maximum au Grau. Pour ma part, le côté professionnel est stabilisé, j’aurai le temps.
Pourrez-vous tenir pied partout ?
Si on est choisis pour gérer les arènes du Grau, le choix sera crucial pour moi mais je ne serai pas raseteur et organisateur en même temps. Je me dois d’être sincère même si cela me fait du tort... Je ne mélangerai pas les genres. Je mettrai ma carrière de raseteur entre parenthèses. Le choix de la municipalité du Grau-du-Roi devrait être connu en mars, ce sera bien assez tôt pour décider.
Propos recueillis
par MARTINE ALIAGA
PHOTO CHRISTIAN ITIER