Manade Raynaud – Samedi 14 juin 2014
Raseteur un jour, raseteur toujours
Joël Passemard (au centre) mis à l'honneur
par le président Roger Pascal, au micro Jacques Roumajon
Raseteurs ils ont été, raseteurs ils sont toujours. Les cocardiers ont marqué leur chair et leur âme d’une empreinte indélébile. Et quand ils se retrouvent, très vite, cocarde, glands et ficelles sont au centre des conversations. Souvenirs de piste, d’attributs levés, de trophées gagnés, d’entraide entre les hommes en blanc, tout cela passé au tamis des années, pour n’en garder que le meilleur.
Samedi dernier, réunis à la manade Raynaud, les membres de l'associations des anciens razeteurs n’ont pas manqué de refaire les courses mais sans oublier le plaisir d’être ensemble. Après une matinée à visiter les cocardiers du Grand Radeau, la bonne centaine de convives a poursuivi les festivités sous la loupio et dans la salle de la manade Raynaud. Là le bureau de l’association créée en 1987 - Roger Pascal, président, et sa fidèle garde rapprochée Roger César vice-président, Vincent Ferris trésorier, Jeannot Ribot, secrétaire – s’est démultiplié pour que chacun profite de l’ambiance.
Au tableau d’honneur, cette année, le raseteur Saint-Gillois, Joël Passemard à qui un tableau peint par Jean Marignan, le représentant avec Ventadour, a été offert. Jacques Roumajon, chargé du discours d’accompagnement, retraçait sa carrière : « Il avait du talent, ce petit, pour raseter les Pascalet, Goya, Ventadour… Il fallait beaucoup de talent pour raseter aux côtés des Castro, Dumas, Jouanet, Pellegrin… Tu as remporté de nombreux trophées (Muguet d’Or, Palme d’Or avec Meneghini, Margueritte d’Or, Damour à Lunel, etc.). A 18 ans, tu rasetais au Trophée des As et tu n’as pas été épargné par les blessures (Vallespir, Santiago ou Pernen…) Tu as fait ton jubilé à Marguerittes, puis tu t’es consacré au comité des fêtes de ta ville de Saint-Gilles. Je le dis avec fierté, tu a été mon parrain pour entrer à l’Association des raseteurs… » Et Jacques Roumajon de saluer « ton épouse Bernadette qui a su te supporter dans les bons et les mauvais moments, ainsi que tes deux filles ». Toujours aussi discret, Joël Passemard se disait très heureux de cette distinction.
Maître de cérémonie, Roger Pascal ne manquait pas de remercier Guy Marchand d’avoir officier à la grillade du déjeuner et congratulait Gérard Martin, 85 ans, adversaire de Vovo pour la postérité, toujours prêt à dégainer les photos de ses exploits. N’empêche que ces anciens des pistes sont captivants quans ils évoquent leurs jeunes années. Tel Roger César se souvenant qu’il partait raseter en stop, en vélo puis, les premiers francs aidant, en mobylette avant d’accéder à la voiture… Qu’il dormait au plus près de chez un qui le véhiculait le lendemain… Que les attributs levés lui ont permis de s’élever socialement. Et surtout « quand on marchait ensemble, on partageait tout, tourneurs compris, même avec les plus titrés. Et si l’un avait été blessé, il recevait aussi sa part ». L’ancien raseteur lansarguois, toujours au fait de la course camarguaise, d’analyser : « Cela a bien changé, ils ne s’entendent pas assez entre eux… quand je vois des ficelles rentrer à 1 000€ … Mais il y a toujours de bons taureaux, des raseteurs et des spectateurs pour les voir, c’est la société qui a évolué ».
Et pour débrider un peu plus l’ambiance, Régine Pascal entrait en scène pour quelques extraits de son nouvel album « Femmes de Camargue », un très punchy « fête votive » mettant le feu à la salle et « Que la Camargue est belle » repris à la cantonade. Le président Roger pascal pouvait conclure en demandant une standing ovation pour Régine, les Raynaud et la Camargue, sans oublier de saluer la manadière Nicole Rébuffat.
Texte et photos (d'autres photos à venir)
MARTINE ALIAGA